Épisode podcast
~ Dialogue avec Emilie Marsh ~
« Amour Bandit »
[… J’veux cette vie Qu’tu décris. Un paradis. Avec des clopes et des bières
Avec vue sur la mer. J’veux ces choses. Qu’tu proposes. Because
J’veux qu’on arrive en Mustang . Faire des Boom et des Bang…]
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Le rock avec Emilie Marsh
par Le son et la plume
Le rock au féminin avec Emilie Marsh qui nous présente son nouvel album « Amour Bandit » en écho […]

Let’s Rock avec Emilie Marsh
Le Son et la Plume
LSP : Bonjour Émilie Marche et bienvenue sur Le Son et La Plume.
Émilie Marche : Et bien bonjour.
LSP : Emilie, « Amour Bandit », l’amour c’est un hold-up ?
Émilie Marche : C’est un hold-up quand ça nous saisit comme ça, oui. C’est sûr que c’est un hold-up, c’est une bonne façon de le dire.
LSP : On a 13 titres, ce n’est pas un hasard ?
Émilie Marsh : 13 titres, c’est marrant parce que sur Nevada, mon album d’avant, j’avais 13 tracks aussi. C’est presque un hasard quand même, parce que c’est un choix de titres que j’ai fait, que j’ai voulu garder. J’en avais d’autres en plus, mais qui sortiront plus tard en inédits. Donc ce n’est pas un hasard, mais c’est un chiffre qui ne me fait pas peur, que j’aime bien.
LSP : Parlons de la pochette. Un travail autour de l’objet, le vinyle ?
Émilie Marsh : En fait, c’est mon amoureuse, dont je parle beaucoup dans cet album, ma gladiatrice, qui a pris la photo de la couverture… enfin de la pochette. C’était un peu un hasard. Elle était photographe avant, elle a changé de métier depuis, elle dirige un lieu. Mais elle a repris un peu la photo avec moi, et on a commencé à s’amuser à faire des portraits ensemble. Et tout d’un coup, il y a eu cette série, et c’était évident. Cette photo-là, en tout cas, est ressortie comme une évidence pour être la photo de l’album, parce qu’elle exprime, je pense, dans mon regard, à la fois le désir, la sensualité, le côté aussi un peu défiant du bandit. Mais il y a aussi quelque chose de nostalgique, d’un peu mélancolique. Et comme cet album parle aussi d’un départ et d’un deuil, je trouvais que les deux cohabitaient vraiment.
Et puis le fait que je sois nu avec ma guitare, c’est très cohérent avec cet album-là, qui est vraiment une mise à nu. La guitare, c’est le seul élément qui me permet de transmettre aussi ce que j’ai à dire. Donc je trouve que ce choix-là était vraiment évident.
LSP : Par ailleurs, puisque l’on parle de la pochette, c’est votre écriture qui apparaît sur le titre et dans le livret ?
Émilie Marsh: Oui, c’est mon écriture en fait. J’ai travaillé avec des super graphistes, mais qui ont gardé cette calligraphie à laquelle je tenais, que j’ai faite. Et puis il y a aussi cette photo de l’intérieur et du derrière de la pochette, qui était faite par Emmanuel Jacobson Rock, une photographe vraiment géniale, qui travaille beaucoup avec Cédric Klapisch sur ses films en photographe de plateau. Elle avait vraiment été témoin de l’amour que j’ai pu vivre avec ma gladiatrice. Donc elle a pris cette photo-là, ces photos de nous, qui émaillent un peu l’album.
LSP : Quand vous travailliez avec Dani, c’est d’elle dont vous parlez quand vous évoquez le deuil ?
Émilie Marsh Oui, c’est elle que j’ai perdue, et c’est ce qui a généré cet album aussi. Quand on travaillait ensemble, l’album qui m’a fait découvrir Dani, c’est Tout dépend du contexte. Si vous regardez la pochette de Tout dépend du contexte de Dani, c’est une photo en noir et blanc avec un tag rose devant. Avec Dani, on aimait beaucoup ce code couleur-là. Dans l’album Costume qu’on a fait ensemble, qui est sorti en juin de l’année dernière, j’ai tenu à ce noir et blanc et ce rose. Donc l’album Attention départ a ce même code couleur, et le mien répond à ça. C’est vraiment quand on les met côte à côte, on voit ce lien de couleur. Je tenais vraiment à faire cet hommage-là.
C’était quelqu’un qui m’a tout appris. Quand je suis devenue sa musicienne, ça a été vraiment évident. On a partagé un langage musical, un langage tout court. On a eu cette complicité malgré notre énorme différence d’âge. Il y avait quelque chose de magique entre nous. On adorait se retrouver pour travailler, pour se voir. C’était quelqu’un de vraiment comme de ma famille. On avait un lien indéfectible. On avait du mal à se quitter, on adorait être ensemble, jouer ensemble, partager plein de moments.
LSP : De 22 jusqu’à aujourd’hui, finalement, le laps de temps est court quand on considère le travail autour d’un album.
Émilie Marsh : C’est marrant parce que moi je trouve que le temps est long entre le moment où il est sorti et le moment où j’ai fait les chansons, parce que j’ai vraiment quasiment tout écrit cet été-là. Ça a jailli vraiment de cette collision. C’est l’histoire de cet album : c’est vraiment un départ et une arrivée. Dani s’en va, et l’amour arrive en même temps dans ma vie. Et c’est ça qui a généré toutes ces chansons-là, parce que c’était des émotions très fortes, très belles aussi, malgré la tristesse, malgré le manque. J’avais vraiment besoin de dire les choses.
Donc j’ai écrit la plupart des chansons cet été 22, quelques-unes ensuite à l’automne. Mais les chansons étaient faites quasiment toutes à ce moment-là. Après, évidemment, il y a eu du travail de studio. Moi, j’ai travaillé sur l’album posthume de Dani aussi. Donc je n’ai pas pu tout de suite… Je tenais vraiment à faire cet album-là avec Édith Fambuena, on l’a fait, et on a fait le mien ensuite dans la foulée. Mais j’avais cette priorité absolue de finir celui de Dani d’abord.
LSP : Sur scène, comment ça se passe ?
Émilie Marsh : C’est très simple. On a choisi déjà… Je voulais travailler avec Sébastien Colinet, qui était celui qui a réalisé l’album d’avant, Nevada, et avec qui je joue sur scène aussi, avec Guilhem Caplan. J’adore son jeu de guitare, c’est comme un frère, je l’aime beaucoup. On a réfléchi ensemble à comment mettre ça en scène. Moi, je voulais au départ quelque chose d’un power trio basse-guitare-batterie, parce qu’il n’y a que ça dans l’album : des guitares, des basses, des batteries.
Et puis on s’est rendu compte en réécoutant et en travaillant que si on faisait ça, il y avait une deuxième guitare qui manquait. Comme on devait être en trio (parce qu’aujourd’hui, c’est plus simple de tourner en trio qu’en quartet, c’est délicat avec ce qui se passe en ce moment dans la culture), on a vraiment décidé finalement de faire deux guitares et batterie. Le batteur envoie les basses par un pad. Comme les lignes de basse étaient très droites, ce n’était pas gênant que les basses soient préenregistrées. Les guitares, par contre, sont tellement entremêlées, il y a tellement de parties guitares qui se mélangent, que du coup on a choisi ça : deux guitares électriques et une batterie. Le batteur, c’est Raphaël Léger, avec qui j’ai joué aussi sur la tournée d’avant.
LSP : Comment est venue la chanson pour vous ?
Emilie Marsh : Par l’écriture. J’ai toujours beaucoup écrit depuis que je suis gamine : des poèmes, des nouvelles… Je voulais être écrivain quand j’étais petite, j’ai fait des études de lettres. Et puis un jour, je faisais de la musique aussi à côté, et j’ai vu qu’on pouvait mélanger les deux, faire une chanson. Et c’est devenu vraiment mon mode d’expression favori. Donc je ne fais que ça à partir de mon adolescence.
LSP : Quand tu étais à la Sorbonne, tu avais la guitare dans le dos ?
Émilie Marsh : Oui, j’ai fait un an de prépa littéraire, puis deux ans de khâgne, et après j’étais à la Sorbonne. Mais oui, je faisais déjà des concerts cette année-là, dans des petits cafés-concerts parisiens. J’allais jouer partout, dans tous les bars, avec un musicien. On a écumé un peu toutes les mini-scènes parisiennes à l’époque, avec ma petite maquette, ma guitare.
LSP : Pourquoi « Bandit » ?
Emilie : C’est un terme que j’adore. Déjà, je trouve qu’il y a un côté parallèle, marginal, gangster… Il y a tout cet imaginaire qui va avec. Il y a un côté Thelma & Louise aussi. J’adore ce côté qui n’est pas dans les clous, tout ce qui est un peu marginal, qui emprunte des chemins de traverse, tout ce qui vit la nuit, tout ce qui est intense. Il y a une notion d’intensité là-dedans, quelque chose de sulfureux. Et puis il y a aussi un côté enfantin dans le terme de « bandit » qui me plaît assez, qui est tendre finalement.
« L’Amour Bandit », c’est ça : l’amour intrépide qui ne s’endort jamais, l’amour cuir, l’amour marginal. Ça me plaisait beaucoup d’être un peu hors cadre, ce côté qui n’obéit qu’à ses propres règles, qui s’éloigne des modèles dominants.
LSP : C’est l’album le plus authentique que tu aies jamais fait ?
Émilie M : Je pense que oui. C’est vraiment ce que j’ai mis de beaucoup d’intimité dedans. J’ai osé des choses que je n’avais pas osées avant. Soulagement ? Je ne sais pas si on peut parler de soulagement. C’est plus une grande émotion, une joie. Il y a une forme de douleur dans ce que j’ai pu vivre, mais j’ai toujours créé dans la joie. Je ne suis pas quelqu’un qui crée dans la souffrance. Donc plutôt de la joie, parce qu’il y a beaucoup d’acceptation aussi dans tout ça. Il y a une urgence à vivre. Il y a beaucoup d’urgence dans l’album.
LSP : L’urgence de vivre…
Émilie M: Ah bah ça, c’est mon grand sujet. Pour moi, c’est pour ça que j’aime l’intensité. J’aime que les choses soient tout le temps intenses. Je suis quelqu’un d’assez optimiste au fond, donc j’ai de la chance pour ça. Mais je n’ai jamais envie que ça s’endorme, j’ai toujours envie qu’il y ait de la vie partout. Et je fais en sorte de créer ça dans la mienne.
LSP : Merci beaucoup, Émilie.
Émilie Marche : Avec plaisir.
Emilie Marsh
Emilie Marche – Biographie
Émilie Marche est une auteure-compositrice-interprète française, connue pour son univers musical à la fois poétique et électrique, mêlant rock, pop et chanson française. Née en France, elle se passionne très tôt pour l’écriture et la musique, étudiant la littérature avant de se consacrer pleinement à sa carrière artistique.
Son style se distingue par des textes ciselés, une voix puissante et des mélodies entêtantes, souvent portées par des arrangements guitares énergiques. Influencée par des artistes comme Dani ou PJ Harvey, elle cultive une esthétique à la fois brute et sophistiquée, explorant des thèmes comme l’amour, la perte et l’urgence de vivre.
Discographie
- 2025 : Amour bandit (At(h)ome / Sony Music Entertainment)
- 2021 : Nevada (Fraca!!! / L’Autre Distribution)
- 2019 : Emilie Marsh (Fraca!!! / L’Autre Distribution)
- 2013 : La rime orpheline (Socadisc / EMC Productions)
Émilie Marche se produit régulièrement sur scène, souvent en trio, avec une formation épurée mais intense (deux guitares et batterie). Son écriture, à la fois littéraire et viscérale, et son engagement artistique en font une figure singulière de la scène indie française.





